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Lan Yu

8 janvier 2023

J'aime Pierre

Je lève la tête

Que vois-je devant moi ?

Deux jeunes. Très beaux. Ça arrive. Un garçon et une fille

Vraiment canon.

À un moment donné

À l'instant où je les regarde

Tout rempli d'amour

Ils s'embrassent

Ils sont seuls au monde

Oh !

Rien de particulier à cet instant

Où je les regarde

Juste un baiser tout plein d'amour

Sur les lèvres

Mais quel amour !

Jamais vu ça

Je peux m'empêcher de repenser

Les amoureux sont seuls au monde

Oui !

Je confirme

J'ai vu

Je l'ai vu

De mes propres yeux

Alors je peux pas m'empêcher de penser

De culpabiliser

Peut-être

Mais pourquoi le ferais-je ?

Je pense la chose suivante

Je me trouve avec Pierre

Dans la même situation

Même attitude

Même contexte

Et là

Moi-aussi

J'embrasse Pierre

Sur les lèvres

Moi-aussi

Je l'embrasse

Avec tout plein d'amour

Qui m'empêcherait ?

Que vont penser les gens ?

Oh !

Ce n'est là rien d'extraordinaire

Mais quand même !

Moi-aussi j'embrasse ses lèvres

Les lèvres de Pierre qui s'offrent à moi

Qui s'étalent là devant moi

Comment dire ?

Qui s'abandonnent

À moi

Enfin

En toute innocence

En toute naïveté

Tout plein d'amour

C'est ça l'amour

Aussi

Moi-aussi j'ai droit à l'amour

À être aimé

Comme les autres

Moi-aussi j'ai le droit d'embrasser un mec

Mon mec quand je le veux

Quand j'en ai envie

Je revendique ce droit

À la liberté

Fondamentale

Je me l'octroie

Je m'octroie ce droit

Car

J'aime Pierre

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8 janvier 2023

C'n’est pas d'ta faute

- C'n’est pas d'ta faute, Brian ... Tu pouvais rien faire !!!! ... Hobs a voulu m'tuer. Quand il m'a fracassé le crâne avec sa putain de batte de base-ball, tu as fait la seule chose que tu pouvais faire à c'moment-là ... Te précipiter sur moi pour récupérer c'que tu pouvais ... T'es pas responsable de cette sale histoire, Brian ... T'es pas responsable de ça ...

- C'est d'ma faute, Justin ... J'aurais jamais dû t'inviter sur la piste de danse ... Ça a été mon erreur ... Une horrible erreur ... Sans le savoir, je l'ai provoqué ... J'ai déclenché ses démons intérieurs ... Ce qui s'est passé n'aurait jamais dû se produire ... On avait pas à s'exhiber devant tous ces hétéros ... Montrer notre amour au grand jour ... Ça doit pas se faire ... On doit pas faire ça ... Les gens sont pas préparés ... Ils ont pas l'habitude ... Même si dans les regards, il y avait comme une fascination, une lueur d'admiration ... Dans les yeux, j'ai même lu comme une envie ... De liberté ... D'émancipation soudaine ... On se serait cru transportés dans un autre monde ... Hobs a vécu ça comme une atteinte personnelle, une violation de son amour propre ... Il est le type même de l'homo refoulé qui vivra jamais ça dans tout' sa putain de vie ... C'en était trop pour lui ... C'est pas d'sa faute, Justin ...

Brian, je lui pardonne mais je peux pas oublier ... Jamais je pourrai oublier ... Avec mon bras gauche, je peux tout juste vivre. Avec cette putain de main droite folle ... Je peux plus dessiner ... L'école d'art, mon avenir, tout ça c'est foutu ... T'aurais pas envie d'te suicider, là, toi ??? ... Je sais ... Il faut accepter son destin, Brian ... Je sais ... Je l'accepte ... C'est toi qui me l'a appris ... J'ai décidé d'assumer ... J'ai pas l'choix ... Ce s'ra dur ... Tout' ma vie ce s'ra dur ... Il y aura pas une seule seconde où mon bras s'ra là pour m'le rappeler ... Je vais pas me lamenter ... J'ai mieux à faire ... Il faut reprendre goût à la vie ... Pas question pour moi d'abandonner une carrière artistique, Brian, parce-qu'on l'a décidée ensemble ...

Et c'est ça qui compte ... C'est ça le plus important ... Le plus important est là, Brian, c'est nous ... C'est tous les deux, c'est toi et moi ... L'amour que je te porte est la seule chose qui m'aid'ra à surmonter cette épreuve ... Je t'aime, Brian ... Et ça, quoiqu' tu fasses ...

8 janvier 2023

Jo

- Jo, parlons un peu de John. Comment l'avez-vous connu ? L'avez-vous séduit ? Comment ça s'est passé ?

- Pardon ? Mais quel rapport cela a-t-il avec ma déposition ?

- Répondez à ma question Jo

- Comment avez-vous séduit John ?

- Je ne comprends pas. Je ne l'ai pas séduit.

- Mais Jo, avant de vous rencontrer, John n'avait pas de comportement sexuel déviant !

- Quoi ? Mais que dites-vous là ??

Frank intervient.

- Objection !

Heureusement que Frank intervient car je sens la sueur couler dans mon dos. On parle pas d'amour là mais de sexe anormal. Anormal ? Mais c'est quoi l'anormalité ? Celle des autres ou la mienne ? C'est quoi c'est ne pas faire comme les autres ? C'est ça être anormal ? J'éprouve un haut-le-cœur.

Frank continue en fixant droit dans les yeux monsieur Azertof l'avocat d'Emilie, ma sœur. Ça devient malsain.

- Au nom du monde civilisé, monsieur Azertof, pourrions-nous éviter les conjectures équivoques, sordides et malsaines ? On est dans le mauvais goût-là.

Monsieur Azertof reprend l'attaque.

- Jo, répondez-moi s'il vous plaît. Avant vous John couchait-il avec d'autres hommes ?

- Pas à ma connaissance. Non.

- Mais il couchait avec vous ?

- Mais où voulez vous en venir ? Que signifie ce terme coucher ? Qu'entendez-vous par la ? On s'aimait ! C'est tout ! Il y a pas de mal à ça !

- Jo, John n'avait pas d'ami avant vous. Pourquoi vous a-t-il choisi ? Vous ?

- Je n'en sais rien

- Comment l'avez-vous séduit ?

- Séduit ?

- N'avez pas profité de son désarroi face au deuil récent de son épouse ?

- Écoutez, j'ai juste écouté John quand il avait besoin de moi.

Quand il en avait besoin, quand je le ressentais, je lui parlais. C'est de ça dont il avait le plus besoin.

Il n'y a rien d'autre. Après on a eu besoin d'autre chose. On a ressenti autre chose. Le besoin d'aller plus avant l'un vers l'autre. Ça s'est fait tout seul. C'était devenu nécessaire. John me parlait. Il se confiait. A moi. A moi seul. Je n'ai rien demandé à John.

- Sauf votre chèque

- Quel chèque ?

- Vous travailliez bien pour lui ?

- Oui. Mais il ne m'a pas payé. J'ai simplement accepté qu'il me paye les frais. Il ne m'a jamais versé de salaires. Quand l'épouse de John est décédée j'ai eu beaucoup de peine pour lui. Je l'aimais beaucoup son épouse. Je l'aimais autant que lui. C'est bien après qu'est né le sentiment amoureux. Je n'ai jamais demandé de l'argent à John. Ce n'est pas vrai. Vous êtes mal informé.

8 janvier 2023

Mourad

- Qu'est-ce que tu crois Mourad ?? ... Tu crois que j'vais la fermer ma gueule ?? Que j'vais rien dire ?? Rien te dire ??!! Que j'vais pas m'révolter, là ?? Tout ça pac'que t'as peur de c'que pourraient penser tes copains s'ils tombaient sur ton ordi ? S'ils voyaient les mails que j't'envoie ?? C'que tu m'demandes, là, c'est pas possible pour moi ... Je devrais m'arrêter de t'écrire tout l'amour que j'te porte, là, tout ça pac'que t'as peur, Mourad ?? T'as peur de la vérité ?? ... C'est ça ?? Dis-moi ?? T'as peur de c'qui pourrait t'arriver ?? Tu veux pas qu'ils sachent pas qui tu es vraiment ?? ... Hein, c'est ça, Mourad ? ... C'est ça ?? ... C'est ta vérité ... ou la leur ???? ... Je devrais m'arrêter d'écrire ?? ... Mais tu veux ma mort ou quoi ???? ... Mais si j'arrête d'écrire, je crève ... moi, Mourad !! J'ai que ça pour vivre ... J'ai que toi pour vivre ... Dans cette putain de cité de merde ... !! ... Il me reste plus que ça ... Je me sens si seul ... Y'a que toi qui me fais rester ici ... Tu comprends ça ?? Ce qui me retient, ce qui me fait tenir chaque jour, chaque minute, de ma putain de vie, c'est toi, Mourad !!!!

Et je réfléchis pas à c'que j'dis là ... Ça sort naturel Mourad ... On peut pas réfléchir à ça ... Ça s'explique pas ... Je t'aime ... C'est tout !!! ... Putain, merde !!! ... Le reste, j'en ai rien à foutre, moi !! ... Ce que pensent les autres, ça m'intéresse pas, moi !!!! Je les emmerde, moi, Mourad !! ...

- ... Fabien ... C'est pas pac'qu'on est pas comme les aut', toi et moi, qu'on doit l'montrer !! ... Qu'on doit l'montrer à tout l'monde !! ... Faire la pub dans tout' la cité !! ... C'est not'secret ... C'est not'secret à nous, à tous les deux, qu'on gad' bien au chaud ... Tu comprends ?? ... Just' entre toi et moi ... C'est que entre nous que ça se passe, ça ... Not'secret à tous les deux ... Tu comprends ?? ... On va pas se bat' là ... On a pas à s'préoccuper des aut' ... Moi j'veux pas qu'on s'affiche, là ... Devant tout l'monde, tu comprends ?? ... Les autres, Y's'ont pas à savoir ... Y's'ont pas à savoir ça ... Tout ça, ça appartient qu'à nous, tu comprends ?? ... Personne doit savoir ... Personne, j'te dis ... Tu m'fais peur, là, Fabien ... C'est un truc à c'que j'te laisse tomber là ... J'ai peur ... J'aurais trop la honte de ma vie et mon père me tuerait s'il savait ... Tu l'sais bien ... Je s'rais la risée de toute la cité ... Plus d'amis, plus d'vie, plus rien ... Je s'rais montré du doigt ... Comme toi !! ... J'pourrais pas supporter ... J'peux pas supporter ça ... C'est au-dessus d'mes forces ... On doit se protéger, man, tu dois te protéger aussi ...

- Tu m'emmerdes, Mourad, tu m'fais chier, là ... T'as pas d'couilles ... T'es nul ... T'as pas la foi ... Je t'aime, là, et c'est tout c'que j'sais ... [Fabien a les larmes aux yeux] ... C'est plus fort que moi ... On avait une chance sur 1000 de s'rencontrer ici ... Dans un cadre pareil ... Pourquoi on devrait s'cacher, Mourad ? ... J'ai plus rien à perdre, moi, tu comprends ?? ... J'en ai plus rien à foutre, j't'ai dit ... Tout le monde sait qu'j'suis pédé dans la cité ... J'ai plus rien à perdre, moi ... Je rase les murs ... J'ai toujours peur ... La peur au ventre ... Même quand j'sors ... J'suis obligé d'sortir la nuit ... Y m'reste que ça ... J'suis obligé d'sortir quand les aut' sont couchés !!!! ... Tu l'crois, ça ?? ... Tout ça pour pas subir le mauvais œil ... Tout le monde me regarde quand je sors le jour ... Comme si j'allais jeter un sort à tout' la cité !! ... J'ai la trouille au cul, moi merde !! ... Mourad ... J'en peux plus !! ... J'veux pas m'faire buter contre un mur !! ... Quand je vois à la télé, ça m'fait trop peur ... Les gens comme nous, Y's'en veulent pas ... Même mes vieux ... Y font comme s'ils savaient pas ... Comme s'ils savaient jamais ... J'n'existe pas pour eux ... Mais Y savent ... Ça je l'sais ... J'en suis sûr ... Y savent pour toi et moi ... La voisine a parlé ... Je les ai vus sur le palier tous les trois ... À discuter ... Quand j'suis arrivé, ils ont rien dit ... Ils m'ont regardé ... Je sais c'qu'ils pensent !! ... Ils espèrent qu'avec tout c'qu'on m'fait voir dans la cité, ça m'enlèv'ra l'envie ... Y veulent que les aut' fassent le travail ... Comme si on pouvait nous transformer ... Mourad ... Toi et moi ... Comme si on pouvait nous changer ... Devenir d'aut' personnes ...

... Quand j'rencont' tes potes, j'suis obligé d'changer d'trottoir ... Raser les murs ... Toujours m'cacher ... Quand je sors la nuit, je marche des heures jusqu'à l'aube .... J'ai l'impression qu'ma tête va éclater ... Mais j'veux plus baisser la tête, moi, Mourad !! ... J'veux qu'on soit fiers tous les deux !!! ... J'veux qu'on soit fiers de nous !! ... J'ai pas honte, moi, Mourad !! ... J'ai pas honte d'êt' comme je suis !! ... Alors, comment tu peux m'demander d'rien faire ... Comme si s'passait rien ?? Faut partir, Mourad ... J'peux pas rester, moi ... J'en peux plus !! ... Ça m'f'rait mal, man, mais j'ai pas l'choix ... Faut partir ... Si tu veux pas assumer ... On arrête ... J'ai plus l'choix ... À nous deux, on aurait été plus fort ... Tu sais ça ??

- Fabien, calme-toi ... Calme ta rage ...

- Alors, on fait comment ?? ... À chaque fois qu'on s'voit, on est obligé d'aller s'planquer dans le parking pour aller faire nos p'tites affair' !! ... On n'a pas le droit d'nous obliger à aller nous cacher dans les cav' ... Tu crois pas ?? ... Tu trouves ça normal, toi ?? Ça t'paraît naturel, à toi ?? ... On est obligé d'aller vite, on fait pas attention ... On n'a même pas l'temps d'prend' not' temps ... J'en peux plus, moi, Mourad ... J'en peux plus ... [À nouveau, les larmes jaillissent des yeux de Fabien] ... Décide-toi ... Moi, j'attends plus ... C'est fini ... J'ai besoin d'm'assumer, moi ... Au grand jour ...

8 janvier 2023

Pierre-Henri

Pierre-Henri et moi rentrons par le métro.

On ne dit rien. Silence total. Absolu. La rame repart.

Soudain Pierre-Henri me regarde. Il me fixe. Il me regarde droit dans les yeux. Puis il regarde à nouveau devant lui. Hagard. Les yeux dans le vague.

Sur le strapontin en face, un jeune gars. Beau. Jeune. Pierre-Henri le regarde comme si c'était un objet. Comme s'il n'en avait rien à foutre.

C'est moi qui occupe ses pensées. De Pierre-Henri. C'est moi qui le préoccupe. D'ailleurs il tourne à nouveau la tête vers moi. Comme pour me dire quelque. Puis il se ravise.

Il se met à me dévisager. Cette fois il me parle. Il m'agresse. Avec des paroles. Ses paroles. Dures comme la pierre. L'asphalte. Le bitume. Une route sans fin. Ses paroles, ce qu'il me dit, c'est violent.

- Tu es un lâche.

Les mots tombent comme ça. Inattendus. Violence extrême dans les propos. Propos sans concession. Durs. Il ne me ménage pas. Jamais. Il me parle fort comme si nous étions seuls dans le métro. Dans la rame. Il en a rien à foutre des autres.

Il a la haine. La méchanceté. La rage. Sa violence. Sa cruauté.

Comment lui en vouloir ?

Il a raison.

Il me dit des choses qu'on n'oublie jamais. Il fait comme si personne ne pouvait entendre. Nous entendre. Nous écouter.

Il me dit :

- Tu me regardes quand j'te parle ?

- ...

Silence. Je suis décontenancé. Démasqué. Livré à moi-même. Je me sens pas bien. Mais pas bien du tout. J'éprouve un malaise.

Il parle toujours fort dans le métro. Je sais bien que les gens écoutent, aimeraient connaître le dénouement. Lubricité de la foule. Voyeurisme. Des gens.

On n'entend que lui dans la rame. C'est le seul à parler fort. C'est sa nature. Il est entier. Total. Pas de demi-mesure avec Pierre-Henri. Il est un garçon déterminé. Quand il est comme ça, tendu à l'extrême, plus rien n'existe pour lui. Plus rien ne compte. Ça devient indécent. Mais il clame la vérité ? Sa vérité ? Une vérité ? Il est tout entier fixé sur son objectif. Sur ce qu'il a à dire. Pour lui plus rien ne compte que sortir ce qu'il a à dire. Bizarre ce caractère. Son caractère. Ce tempérament. Avec quelqu'un d'autre ça m'aurait choqué. Mais pas lui. Pas là. Non. Pas avec lui.

Lui c'est quelqu'un de spécial.

C'est le mec le plus franc que j'ai jamais connu. Lui il peut tout dire. Tout me dire. J'accepte tout de lui. Même lorsqu'il me parle comme on parle à un chien. Parce qu’il a raison. Une fois de plus. Il a toujours eu raison. Il peut tout dire. Tout me dire. Quelque soit la forme. Le mode d'action. Le sien. Son mode opératoire. Dire plus que jamais. J'ai tellement besoin de lui. De quelqu'un qui me ramène à moi même. Me met en face de moi. De mes erreurs. Et il y en a beaucoup.

Mes lâchetés. Pierre-Henri seul m'oblige à me regarder en face. A être face à moi même. A me confronter à mes réalités. Mes propres vérités. Mes contradictions plutôt. Même si tout ça me fait très mal. Tout ce qui ne va pas chez moi s'expose d'un coup, avec lui.

Et il y en a des choses. Des problèmes. Ils sont légion.

Il y a beaucoup de choses. Trop de choses. Ça déborde. De tous les côtés. De toutes parts. Ma personnalité est sérieusement amochée. Parfois ça m'étouffe.

Je ne suis pas parfait. Ne l'ai jamais été. Ne le serai jamais. Ne pourrai jamais l'être. Pierre-Henri me confronte à mes défaillances. Mes espoirs. Mes peines. Mes affres. Mes angoisses.

Effet miroir. Effet repoussant. Effet repoussoir. Comme je l'ai dit, et je le redis, il y a des choses au fond de moi qui doivent sortir. Sinon ça va exploser. A tout prix. Absolument. N'importe comment si c'est nécessaire. Mais il le faut.

Pierre-Henri. C'est mon frère. Mon ami. Mon amant. L'homme que j'aime le plus au monde.

J'ai jamais autant aimé un mec.

Pourquoi ? Même aujourd'hui je comprends pas.

Il y a bien d'autres choses encore. Mais je ne peux tout dire. Tout raconter. Il est des choses qui ne se racontent pas. Qu'on ne dit pas. Qu'on ne dit dira jamais. Qu'on ne pourra jamais dire. Ça pourrait choquer.

Pierre-Henri est le seul garçon qui peut tout me dire. Tout se permettre avec moi. Même quand il va trop loin. Surtout quand il va très loin. Jusqu'à un point de non retour. Au risque de me perdre. A tout jamais. Et encore. Je trouve qu'il n'en dit pas assez. Sur moi. Sur lui. Sur ce que je suis.

Sur le monde. Sur celui qui nous entoure. Sur ce que je suis vraiment. Sur ce que les autres sont vraiment. Ou qu'ils ne savent pas. Ou qu'ils ne voudraient pas être.

Alors avec Pierre-Henri je baisse la garde. Même la tête. J'ai honte. De moi. Des autres. De lui. Du monde. Tel qu'il est. Tel qu'il a toujours été. Tel qu'il sera toujours. Malheureusement.

Mais je garde espoir. D'abord parce que c'est ma nature. Et parce que le monde, donc la vie, je l'ai en face de moi. En la personne de Pierre-Henri. Parce-que le monde est dur. Et Pierre-Henri il est dur avec moi.

Et le monde me parle à travers lui.

Comme je l'ai dit, et je le redis. Je me répète. Un monde selon Pierre-Henri, c'est un monde sans concessions.

Le monde selon Pierre-Henri.

Je suis dans la rame de métro qui poursuit sa course folle. Il va vite. Je trouve. Il y a moins de passagers.

Je relève la tête. Pierre-Henri a disparu. Il n'est plus là. Il est parti.

Devant mon mutisme, mon silence, mon absence ? Mon manque de propos, d'arguments, de contre-vérités ? Il s'est lassé. Il n'a pas voulu rester. Avec moi. Il en a eu marre. Il s'est découragé. Il s'est barré. Du métro ? Du reste de ma vie ?

Il n'y a plus personne. Il a disparu. Il ne réapparaîtra plus. Dans ma vie. Dans celle des autres ? Peut-être. Pour apporter un message ?

Mais quel message ? Le sien Le nôtre ? Le mien ? Mais je n’en ai pas de message. J'en n'ai plus.

Plus jamais. Je l'ai trop déçu. Il ne pardonnera jamais. Il ne me pardonnera jamais ma lâcheté. Mon manque de courage.

Moi je ne lui pardonnerai jamais d'être parti. Mais si bien-sûr. Je le pardonne. Je lui ai pardonné. Mais qui suis-je pour oser pardonner ? Il m'a pas fait de mal. Il m'a simplement dit mes quatre vérités. Comme ça. Brutal. En me laissant à l'abandon. Seul. Irrémédiablement seul.

Jusqu'au bout. Jusqu'au bout de ma finitude. De ma vie.

Love you Pierre-Henri. Je ne t'oublierai jamais. Jamais ! Tu entends ? Jamais. Tu es de ces êtres que l'on n’oublie jamais. Que l'on n'arrive pas à oublier. Avec lesquels on vit chaque jour, chaque minute, chaque seconde comme si c'était une éternité. L'éternité. Toute entière. Sans limites. Sans fin. Sans obstacles. Ces minutes, ces secondes,

Ces silences, ces sous-entendus, les malentendus qui peuplent l'existence. Qui accompagnent toute une vie.

Ça fait chier. Je suis un lâche.

Je suis un lâche.

Je t'aime Pierre-Henri.

Merci pour ce que tu m'as donné.

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8 janvier 2023

Ted

Ted ... Ça m'inquiète que tu sois seul.

Que tu n'aies personne pour s'occuper de toi.

- J'peux m'débrouiller tout seul, M'man ...

- Bien sûr, je sais ... Tu as toujours été indépendant. Je serais plus rassurée si tu avais quelqu'un à tes côtés.

Qui t'aime.

Si tu étais avec quelqu'un, ce qui t'est arrivé [tomber dans le coma en absorbant une drogue dans un verre d'eau proposé par l'amant d'un soir] ne serait peut-être pas arrivé.

... Je sais que ça te gêne si je te parle de ta vie privée, mais pour moi c'est important. Je peux pas m'empêcher de penser à ce qui serait arrivé si tu t'étais pas réveillé.

J'aurais peut-être jamais eu l'occasion de te dire à quel point je suis fière que tu sois mon fils ...

Tu sais, pour moi, ce que tu es, ça n'a pas d'importance.

Ça fait longtemps que je l'ai accepté.

Si un jour, tu te sens seul et que tu as le sentiment que personne ne t'aime, sache que tu te trompes.

Parce-que moi,

je t'aime.

8 janvier 2023

Bizarre

Toto, on le trouve bizarre ... Personne n'aime ce regard qu'il a. On ne sait trop quoi en penser ... La couleur de ses yeux, gris-vert, donne à son regard le curieux mélange d'un regard à la fois fuyant mais aussi d'une franchise désarmante et d'une grande beauté ...

Toto dérange, il met mal à l'aise ... On ressent une certaine gêne quand on se trouve à ses côtés ... On a la sensation de quelque chose de superficiel. Il ne semble pas naturel ... On dirait qu'il cache quelque chose !! ... Il fait des efforts pour se contrôler. Il se force à donner aux gens l'image exacte qu'ils attendent de lui ... Une image qui n'est pas la sienne ... On le regarde d'un drôle d'air ...

En particulier lorsqu'il traîne dans les rues, les mains dans les poches, le regard ailleurs ... Non, il ne traîne pas ... Il déambule plutôt, le long des trottoirs à regarder les vitrines. Il se sert des vitrines comme d'un miroir. Ainsi, il peut démasquer le regard trop insistant des passants qui, sentant son mal-être, le dévisagent avec trop d'insistance ...

Les rares fois où il met les pieds au bahut, il est toujours surpris lorsqu'on l'interroge ... Il a la tête ailleurs ... Il regarde toujours au loin, ne répond jamais ... Il cherche quelque chose, il a une idée derrière la tête ... Il ne sait jamais où vont le mener ses pas ... Que cherche-t-il ? Qu'attend-il ?... Il pense à trop de choses à la fois ... Son cerveau est en ébullition permanente ... Les idées vont si vite dans sa tête qu'il renonce à les comprendre ... Le veut-il vraiment ? Le peut-il vraiment ?

Il ne sait pas ... Et de toute façon, lui-même ne veut pas le savoir ... Malgré ça, Toto est un dur ! ... Un peu voyou même ... Cela ajoute un peu de piment à sa vie, pense-t-il ... Sa personnalité comporte plusieurs facettes. Sa prédilection à ce qui pourrait en faire un hors-la-loi, un marginal, l'obsède ... Il ressent le besoin de se différencier. Il veut effacer tout indice qui pourrait permettre de démasquer sa vraie personnalité ... Sa hantise ?? Qu'on le découvre tel qu'il est vraiment ... Ce dont il ne veut à aucun prix !!!! Il a trop peur de la réaction des autres ... Il est chapardeur à l'occasion. Bagarreur aussi.

Mais pour défendre le plus faible. Il a l'esprit chevaleresque. Il est persuadé d'être investi par les dieux !!!! Il se sent protégé par une divinité antique qui tire les multiples ficelles de sa personnalité ... Un peu comme Hector ou Ulysse ...

Toto le barjo a de la morale, sa morale, qu'il bâtit avec lenteur.

Elle s'échafaude de bric et de broc à partir d'éléments épars liés à sa personnalité complexe. Il construit cette dernière sur ses rêves, ses illusions, ses espoirs, ses actions, toutes ses actions, négatives ou positives. Elle est le fruit de son expérience au quotidien. Ce qu'il sait, ce qu'il apprend, c'est pas dans les livres qu'il l'apprend ...

Toto aime la justice et possède un grand cœur !!! ... Il est souvent révolté par un geste déplacé, une parole maladroite, une attitude désinvolte, des façons d'être qui le révulsent, qu'il voit à la télévision et dans la vie courante ...

Il a un contentieux à régler avec la société ... Cette agressivité qu'il a en lui n'est pas naturelle ... C'est pas sa vraie nature. Il a plutôt un esprit revanchard. Il est en révolte perpétuelle contre la société, contre la soi-disant normalité des bien-pensants, le politiquement correct. Son esprit sans cesse révolté vient en contrepoint de son état pathologique de rêveur ...

Il préfère trouver un abri dans son mutisme, trouver refuge dans son monde ...

Et puis il y a les filles !!!! ... En fait, il n'est bien, à l'aise en société qu'avec elles, qu'en leur présence. Il se sent attiré vers elles spécialement quand elles sont en groupe. Il se sent si bien avec elles !! ... Il a de la discussion, de la conversation, il est spontané, naturel, il est lui-même ... Soit toi-même Toto !!!

Il trouve ses mots facilement et prend plaisir à leur faire part de ses projets et de ses rêves.

Il n'a pas besoin de prouver quoi que ce soit, de se prouver à lui-même qu'il est quelqu'un, qu'il existe. Son moi, son être profond est porté par l'intérêt qu'elles lui portent ... Il parle le même langage qu'elles, leur langage, un autre langage que celui des mecs du bahut ou du bourg quand il va prendre un café dans un bistro ... Il est choqué quand il entend la façon vulgaire, dévalorisante, humiliante avec laquelle les gars parlent des filles.

Pourquoi ??? Certaines conversations qu'il entend au bahut le révulsent. Pourquoi parle-t-on des filles de cette façon ?? Il ne comprend pas ...

Mais jamais on ne le verra avec une fille seule, en particulier, main dans la main, en train de se promener ... Est-il amoureux ?

A-t-il quelqu'un dans sa vie ??...

Son seul refuge, son abri, c'est sa piaule. Crasseuse car après tout, il est seul et n'en a rien à foutre. Il ne reçoit personne. Qui ?? ... Qui lui rendrait visite ?? Il n'invite personne. Il aime être seul. Il se complaît dans la solitude. Il vaut mieux !! Sa mère ne vient jamais le voir dans sa chambre tant elle est occupée. Jamais elle ne lui rend visite.

Elle n'a pas le temps.

Elle n'a jamais le temps. Ou plutôt, ça lui donne bonne conscience pour éviter les conflits perpétuels avec son fils ...

- Je préfère le laisser tranquille ... Entend souvent Toto à travers la porte de sa chambre ... Et pour cause, son temps à elle, elle le passe à faire le ménage, à préparer le dîner, à faire les courses.

Elle se consacre entièrement à son mari et à son foyer. Elle est toute à sa maison et se sent utile. Elle donne un sens à son existence ...

Son père, il ne le voit jamais ! Il travaille beaucoup. Il veut, coûte que coûte, améliorer la situation familiale ... Il se sent responsable de la bonne marche financière du foyer. Ses responsabilités familiales et professionnelles lui donnent, à lui aussi, le sentiment d'exister. Il n'y a pas de place pour autre chose ...

C'est pas qu'il ne veut pas, c'est juste qu'il n'a pas le temps d'y penser. Toto se demande s'il ne se donne pas bonne conscience pour fuir la maison. Toto pense qu' il ne trompe pas sa mère ... C'est quelque chose qui n'entrerait pas dans sa morale personnelle. Il est trop obsédé par l'image du père et du mari idéal telle qu'il l'a lue et apprise dans les romans américains de l'après-guerre ... Le parfait cadre moyen épanoui sur le plan professionnel et familial ... Les relations de Toto avec son père ??

- Mon père ? Oh ... lui et moi, on ne se parle jamais ... !!

Peut-être un jour, Toto racontera-t-il son père ??

8 janvier 2023

Hemet

Hemet, pourquoi est-ce que tout à coup, tu t'intéresses à moi ??

- ... Pour rien ... Comme ça !! ...

- ouais ... À d'autres !! ... Vous les jeunes, vous n'parlez jamais à un type de plus de 40 ans à moins d'y être obligés !! ...

- ... Je crois que je l'ai ...

- ... Tu sais aujourd'hui, la med'cine a fait beaucoup d'progrès ...

- Ouais ... C'est c'qu'on dit ... Mais y'en a encore ...

- Bien sûr. Tous les jours ... Mais on peut mourir d'un tas d'autres maladies. Il faut juste ne pas y penser ...

- J'n'arrive pas à croire que ça m'arrive à moi. Moi, j'ne couche pas avec tout l'monde.

- ??? ... Tu devrais être au courant ... Il suffit d'une seule fois ... La mauvaise ... C'est comme ça ... Tu peux coucher avec un type qui lui, couche avec tout l'monde ...

- Oui, mais moi j'fais attention !!! ... Je suis prudent ...

- Le sexe est le contraire de la prudence ... Et si c'est pas l'cas ... Si le sexe est prudent ... Eh ben ... C'est raté !!! ...

C'est compliqué ... Mais c'est tellement humain ... Pour qu'ça marche, il faut avoir la bonne formule magique sinon le génie ne risque pas de sortir ... !!!!

Hemet ... Si tu crois que t'as fait une bêtise ... Assume-là !!!!

Y'a qu'ça à faire !! ... Tu dois continuer à vivre !!!! Tu vis ton erreur telle qu'elle est ... Tu n'as pas le choix ...

C'est elle qui définit ton destin et le reste de ta vie ... Tu l'assumes en le faisant ...

8 janvier 2023

Jamie

Jamie vit chez sa mère. Il est fils unique. Son père, il ne l'a jamais connu. Il ne lui manque pas. Sa mère, elle s'appelle Sandra, n'en parle jamais. Son père est parti un matin, comme ça, quelques jours après sa naissance. Il est parti comme ça, sans rien dire. Il n'est plus jamais revenu. Il ne reviendra jamais. Depuis ce jour-là, Sandra se débrouille seule avec son fils. Jusqu'à présent, elle a toujours réussi à s'en sortir.

Depuis, Jamie vit seul, avec sa mère.

Depuis son exclusion du terrain de jeu, Jamie s'est mis à courir, finalement plein d'entrain, de gaieté même, plutôt heureux de s'en sortir à si bon compte ... Il a horreur du sport ... Justement ! Ça tombe bien ! Mercredi après-midi, sur Channel 4, dans une demi-heure, ils passent toujours de vieux films des années 40 ...

Jamie se dirige tout droit au salon, où, sans même prendre le temps d'enlever son sac, il appuie sur le bouton de la télé. Dieu merci ! Encore un vieux film en noir et blanc. Ceux qu'a toujours préférés Jamie. De véritables histoires romantiques, des histoires d'amour à vous faire rêver, bâties sur de vrais scénarios ... Jamie est aux anges ... Heureux ... Enfin ... Un film dans lequel, cette fois-ci, joue Greta Garbo, sa diva, son égérie, son actrice préférée entre toutes ... En même temps, il laisse libre cours à son imagination, à sa fascination pour les actrices aux destinées exceptionnelles ... Il aime ces films qui vous expédient quelques décennies en arrière, qui vous font changer d'époque en quelques secondes ... Ces films qui donnent l'impression qu'une autre vie peut exister ailleurs, différente ... Que tout peut être possible, finalement. Ces films lui font oublier le quotidien, son quotidien ... Le film crépite, la bande-son laisse à désirer, mais Jamie n'en a cure ... Il est transporté, il sent l'exaltation monter lentement en lui, il a la sensation de vivre un moment unique de bonheur ... Que personne ne pourra lui prendre.

Ces images lui font oublier les moments difficiles qu'il vit avec son entourage, avec sa mère qui cherche un autre emploi, le milieu scolaire, ses camarades de lycée ...

... Deux heures plus tard, sur le palier, Jamie reconnaît les pas de Stu qui résonnent. Il les reconnaît instantanément. Il reconnaîtrait ces pas, cette démarche entre mille ... Il les épie chaque jour, bien qu'il ne veuille pas se l'avouer, lorsqu'il revient du lycée, seul, sans lui, sans Stu, avec qui il a l'occasion de parler, avec qui il serait capable de parler des heures ... Depuis qu'il s'est mis à le regarder différemment ...

Leur immeuble venait à peine d'être achevé, que Stu et Jamie y sont arrivés presque en même temps. À un an d'intervalle. La demande en logements sociaux était forte à ce moment-là. Les années Thatcher passaient par là ... Mais Jamie et Stu ont eu la chance de faire partie des ménages prioritaires. Il y a maintenant dix-sept ans. Un an après leur arrivée, pour l'un comme pour l'autre, coup sur coup, la mère de Stu décède alors que dans le même temps, le père de Jamie disparaît dans la nature ...

Durant leur enfance, Stu et Jamie se fréquentent en voisins, sans plus, rien d'autre, trop contents de pouvoir jouer avec le petit voisin d'à côté ... Pratique ! Quand on a six ans, et puis on s'éloigne pas trop du foyer ... Ce n'est que depuis un an environ, sa dix-septième année, que Jamie commence vraiment de s'intéresser à Stu. Il est vrai que ce dernier a beaucoup changé en peu d'années, malgré les difficultés de son foyer ... Désormais, il émane de celui-ci une certaine force, un naturel et une assurance qui ne laissent pas indifférent ... En tout cas, pas Jamie ...

Et en effet, ce pas tranquille, cette démarche sûre, qui frappe l'oreille de Jamie, c'est Stu qui revient du match de hand ...

Jamie éteint précipitamment la télé pour se poster sur le pallier. Il veut épier l'arrivée de Stu, et à aucun prix, il ne veut louper son arrivée. Jamie se met en position, adopte l'attitude indifférente qui va de soi, et pour ce faire, s'accoude à la rambarde, faisant mine de s'intéresser à ce qui se passe sur le parking ...

Et, en effet, il aperçoit sa mère entrain de roucouler avec son nouvel amant, Johnny. Mais ça, c'est une autre histoire ... Pas question de donner à Stu, l'impression qu'il l'attend ... Stu arrive ...

- Salut Stu ! ... Ça a été ? ... Vous avez gagné ?? - salut Jamie ! ... Oui ! ... Pourquoi t'es pas resté ?? ...

- Soit pas idiot ! Stu ! Tu sais bien comment ça se passe à chaque fois !! ... Encore une fois ... C'est toujours la même chose ... D'ailleurs, toi-même, tu m'as pas raté, hein ! ... ??

- Oh ... Jamie ... On s'amuse ... Tu sais qu'on s'amuse ... Tu sais comment c'est !! ...

- On s'amuse !! ... Tu appelles ça s'amuser, Stu ??!! ... Jamie se met en colère, mais se rattrape aussitôt ... C'est un peu facile !! ... Merde !! ... Putain ...

- ... Jamie ... Le prends pas comme ça !! ... Bon, je vais continuer ... J'ai pas fini ... J'ai des choux à faire pour les deux autres ... Et ça, ça se prépare, Jamie ... Faut surveiller ... Je te laisse ... À plus tard ...

- A plus tard Stu !! ... Répond Jamie sans oublier de lancer un regard appuyé, un de plus il est vrai, à Stu ...

- A plus tard !! ... Répond celui-ci en se retournant. Il sourit alors d'un air amusé à Jamie, certain que ce regard, néanmoins, lui fera plaisir, n'imaginant pas un seul instant, jusqu'où cela va le mener ...

... Jamie se dépêche alors de rentrer chez lui, de peur que Stu ne change d'humeur ... Et lui lance alors, avant d'atteindre la porte d'entrée, un regard noir, de reproche, dont il se reprend vite ... Un regard teinté malgré tout, d'un soupçon de tendresse ...

... Jamie regagne alors précipitamment sa chambre pour se jeter sur la revue qu'il a dérobée hier après-midi, en revenant du lycée, chez l'unique libraire du quartier. "Gay Life". Non qu'il soit un voleur ... Mais vivant dans une cité, au vu et au su de tout le monde, de tous, il n'a pas osé la ramener jusqu'à la caisse, la présenter à la caissière pour la régler ... Question de pudeur? De honte, aussi ...

Il se met à la feuilleter avec avidité, conscient de découvrir un monde étrange, nouveau, un monde qui s'offre à lui, mais mystérieux, et peut-être dangereux ...

Il en savoure fébrilement chaque page, chaque article. La revue est de qualité, chaque feuille est en papier glacé. Les photos sont magnifiques. Chaque témoignage est une découverte nouvelle pour lui, qui retient toute son attention ... Chaque photo, chaque compte-rendu de telle soirée "Gay-Friendly" ayant eu lieu dans telle boîte des environs, l'accapare tout-entier ...

Il tombe même sur un article qui retient toute son attention :

" Cher Johnny ... Je me décide seulement à t'écrire aujourd'hui, après avoir longtemps hésité ... Voilà, je m'appelle Dan, j'ai 22 ans, je suis noir et gay, j'aimerais rencontrer un autre garçon comme moi, à la recherche du grand amour ... Que dois-je faire ?? ... Être jeune, gay et noir, n'est-ce pas un handicap pour connaître le bonheur dans la vie ?? "

Réponse du journaliste :

"Bonjour Dan, tu n'es pas seul à rechercher le grand amour !! ... Nous sommes des milliers à le faire !! ... Et nous recherchons cela tout au long de notre vie !! Mais n'est-ce pas là une illusion qui nous aide à vivre ?? ... La recherche du grand amour est une quête de tous les instants, de tous les jours, mais ça ne nous empêche pas de rencontrer l'homme de notre vie, tout prêt de chez nous ... Souvent, nous cherchons très loin, un amour qui peut se révéler exister tout à côté de nous ... L'amour peut se trouver par des voies détournées ... Autrement dit, tôt ou tard, cher Dan, je te l'assure : à force de patience, de volonté, de persévérance, on finit toujours par rencontrer l'amour !! ... Le fait que ta peau soit noire n'est pas un handicap !! ... Au contraire ! Cela doit décupler ta volonté pour chercher l'amour ! ..."

Jamie fronce les sourcils ...

La lecture de cet article le rend sceptique ...

Il se dit que manifestement, ce n'est pas si simple d'être soi-même dans la société, dans la vie de tous les jours ... Mais ça, il le savait déjà. Il réalise que pour d'autres, cela peut être plus difficile ...

Il n'est pas au bout de ses peines ... À peine 17 ans et déjà, faire ses preuves, se battre !! ... Mais au fond de lui, il sait déjà que le combat a déjà commencé, et qu'il possède la volonté et la force de vaincre ...

Il se sent prêt ... Il possède le même tempérament que sa mère, Sandra, la même force farouche, une volonté identique. Jamie possède l'intuition que lui-aussi, tôt ou tard, il arrivera à ce qu'il veut ... Il montrera à tous ses camarades, à tous ceux qui le persécutent, de quoi il est capable ... Jusqu'où il peut aller ... Il leur prouvera qu'on peut être différent, gay, et qu'on peut être "Quelqu'un" ... On peut même s'avérer être, et même devoir, être meilleur qu'un autre !! Puisque le destin a voulu que l'on soit différent ... À plus forte raison, si, en plus d'être gay, on est noir de peau !! C'est à tout ça, cet ensemble de choses auxquelles pense Jamie, maintenant ...

... Et sa pensée, maintenant, se tourne vers Stu ... Et il repense à ce qu'il vient de lire ...

Et si c'était Stu ???? ...

Et Jamie, de replonger avec délectation dans "Gay Times" ...

8 janvier 2023

Positif

Bonjour Pierre !

Ne peut-on rester positif ?

J'ai l'impression de lire les mêmes choses dans la majorité des blogs Gay

Je suis désolé mais je ne suis pas d'accord.

Si on le désire vraiment, si on le veut, on peut être heureux.

Faut-il pour cela impérativement rencontrer l'âme sœur tout de suite ?

Ne possède-t-on pas suffisamment de ressources en nous-mêmes pour être heureux d'abord en se suffisant à nous-mêmes ? En nous connaissant mieux ?? C'est à ce moment-là que la rencontre tant attendue se fera ...

Celui que nous attendons depuis toujours au fond de notre cœur, nous serons prêts à le recevoir, à l'accueillir, dans notre cœur et dans notre vie.

Nous connaîtrons enfin le bonheur d'exister.

Il faudra aussi être prêt à faire des concessions : 50% pour lui, 50% pour moi.

Ce sera ça le plus difficile.

C'est être d'accord pour partager sa vie en deux, c'est à dire partager sa vie à deux.

Mais quel bonheur après !

C'est le sens même du bonheur en couple.

Ceci dit les meilleures rencontres, les rencontres les plus fortes, ce sont celles qui sont dues au hasard ... Aussi bien lorsque j'ai rencontré mon ex-épouse que mon ami, ça s'est passé comme ça ... Il faut être prêt à recevoir avant de donner.

Il faut être dans cet état d'esprit en quelque sorte, d'avoir au préalable résolu ses propres problèmes avant d'accueillir l'autre et ses problèmes à lui !!!!

Il faut arrêter de se dire : ce soir, il faut absolument que je rencontre quelqu'un, que je fasse une connaissance ... si tu es vraiment prêt, la rencontre se fera d'elle-même le plus naturellement du monde et pas nécessairement dans un bar homo

N'es-tu pas d'accord ?

J'ai peut-être de la chance : je suis heureux, j'ai jamais dragué ... On m'a toujours dragué ...

J'ai toujours pensé que le bonheur arrivait que si on était vraiment prêt à le recevoir ...

Salut Pierre !

Je ne me fais aucun souci sur le fait que tu rencontreras bientôt l'âme sœur On la rencontre plus tôt qu'on ne l'imagine Et pas nécessairement à des milliers de km comme on le croit trop souvent ... Je ne te vois pas ... Je sais pas comment tu es ... Mais tu as deux atouts qui font ta force Et c'est d'ailleurs ce qui m'a poussé à t'écrire.

Tu possèdes l'ouverture d'esprit et l'intelligence

Et ça même dans le Marais c'est pas légion ...

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