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Lan Yu
4 janvier 2023

Mère

Mon amant de passage me prend avec une violence inattendue.

Qu'on en finisse. Ça devient insupportable. La douleur est là.

Nous nous trouvons dans ma chambre. Nous baisons sous la soupente. Au-dessus un escalier en colimaçon. Celui-ci mène à mon univers. Là où je me réfugie lorsque je ressens le besoin d'être seul. Ressentir la sensation que nul ne pourra me trouver ici. Être caché. N'exister aux yeux de personne.

Derrière nos ébats une petite fenêtre qui donne sur l'avenue Changan. La plus longue de Pékin.

Notre appartement se trouve dans un immeuble vétuste.

Depuis trois ans et demi nous occupons ce logement.

L'immeuble comporte quarante étages avec quatre locataires à chaque étage.

Nous n'avons eu aucun mal à trouver. Contents de pouvoir trouver ça après la mort de Pa.

Avant nous vivions dans une petite maison à la périphérie de Pékin.

Nous n'avions pas le choix. Nous avons été obligés de venir ici. Ma a dû batailler et pleurer toutes les larmes de son corps pour obtenir la pension de Pa.

...

Ma nous surprend. Jie et moi.

Moi chevauchant Jie. Sans pudeur.

Elle est horrifiée. Sur le champ elle réalise deux choses. Un. Je suis gay. Deux. Le fait de me voir dans cette position s'apparente à un film d'horreur.

Le fait que je sois gay Ma prend ça en pleine figure.

Elle ne s'en remet pas. La scène est horrible. Au lieu de refermer la porte derrière elle, pour une raison que je ne m'explique pas, elle reste là à nous regarder.

Le suite ne se fait pas attendre. Comme un trop plein de je ne sais quoi, Ma accomplit un geste fatal.

Elle se dirige vers le séjour. Comme un somnambule, mue par je ne sais quelle force, à pas lents, elle se dirige vers le balcon.

Elle se lance dans le vide. Jie et moi surgissons sur le seuil du séjour. À peine avons-nous le temps de voir disparaître Ma.

Je me précipite. Il est trop tard. Nous entendons un choc sourd au bas de l'immeuble.

Pour tromper l'horreur qui commence à me gagner, je dévale les escaliers à toute allure.

Une douleur diffuse s'empare de moi.

Je déboule dans la rue. Une troupe de passants s'agglutinent autour du cadavre.

Le corps de ma mère.

...

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