Berlin

Berlin. Centre ville. Les artères s'éclairent les unes après les autres. Je suis dans la chambre de Cyril. Elle est minuscule. Je regarde le ballet de lumières à travers les persiennes. La nuit enveloppe tout. Elle plonge la ville dans l'obscurité. La chambre de Cyril s'assombrit.

Je reste avec lui. Histoire de le connaître. Faire plus ample connaissance. J'ai pas envie de le quitter. Pas tout de suite. Sensation nouvelle. Nous parlons de choses sans importance. Par bribes de phrases. Beaucoup de temps morts. Au bout d'une heure et demie je me lève. Je m’apprête à partir.

On se sent bien tous les deux. En phase. En harmonie.

Ça m’ennuie de partir. Il le faut. Il est 23 heures passées. Je salue Cyril.

- ... Marco ...

- ... Ouais ?

- ... Marco, s'il te plaît. Reste ce soir ... J'ai pas envie d'être seul. Pour une fois. Tu veux ??

- ... Je sais pas. Pourquoi tu veux que je reste ? ...

- parce que je demande !

Il éclate de rire.

- ... J'ai besoin d'être rassuré ...

- de quoi ??

Je sens la main de Cyril qui effleure mon avant-bras gauche. Sans crier gare il m’agrippe avec violence. Il serre mon bras fort. Comme s'il avait peur de sombrer dans le vide. Il me fait mal. Il me tient comme un forcené.

- ... On fait quoi …

Cyril ne répond pas. Il se lève. Il se place face à moi. Dos à la fenêtre. Je vois mal son visage. Il m’affronte du regard. Ses grands yeux bleus me fixent. Je leur trouve une lueur inquiétante. Il me fait peur. J'affronte ce regard. Silence.

Soudain, il me pousse sur son lit.

Je perds l'équilibre. Je pars à renverse. Je ne comprends pas. Où veut-il en venir ?

Il s'accroupit sur moi. Il m’immobilise. Il bloque mes bras avec ses jambes repliées. Je ne peux plus bouger.

Je n'en ai pas envie.

Je résiste. Impossible. Je me laisse emporter.

Il approche son visage du mien. Je sens son souffle chaud. Sa respiration est saccadée. J'éprouve des sensations curieuses et contradictoires.

La question qui me vient à l'esprit c'est : c'est pas un peu tôt ??

Je sens ses lèvres qui s'approchent de mon visage. Elles l'effleurent. Elles le parcourent. Elles cherchent quelque chose. Elles finissent sur mes lèvres. Tendresse. Amour. Volupté. Sexe. J’ai jamais connu ça avant. La pensée qui me vient c'est : seule une fille peut faire ça avec autant de délicatesse et de douceur. Je regrette aussitôt de penser ça. C’est faux.

Cyril descend vers mon cou. Son souffle chaud. Toujours. Il m’envoûte.

Ça m’excite. Il se love dans mon cou. Comme un petit animal.

Il se redresse. Soudain.

- Ça va ?

- Putain si ça va ? … C'est génial !! …

Il me regarde droit dans les yeux. Je vois une lueur coquine se dessiner. Il a envie. J’ai envie. Je ressens les prémices de la volupté. Ce garçon me fait de l'effet. Charnel. Brutal. Erotique. Brûlant. Envoûtant.

Ça y est.

J'ai une érection.

Je ne m’y attendais pas. Je peux pas lutter. Je veux m’offrir à lui.

Je m’offre à lui toute la nuit.