Lin

J'éprouve le sentiment que je ne plais pas à Lin. La mère de Bao.

Lin laisse à Bao le soin de choisir ses amis.

À tous points de vue, la famille de Bao semble idéale. Cai le père de Bao est connu dans le quartier. Il est respecté de tous. Lin la mère de Bao est une maman dévouée. Bao est un garçon beau et intelligent. Mais plus tard je découvre que ce tableau n’est pas aussi idyllique qu’il y paraît.

Je ne sais plus comment Bao et moi An nous devenons amis. Nous passons beaucoup de temps ensemble. À la fin de la première année de collège nous devenons inséparables. Nous participons à plusieurs cours en commun.

Durant les cours Bao et moi nous nous retrouvons toujours assis l'un à côté de l'autre. Comme mus par un sixième sens. Une nécessité. Un besoin. Un désir.

Un jour il arrive ce qu'il devait arriver : les profs finissent par nous séparer. Pourtant Bao et moi on ne bavarde pas durant les cours. À l'heure du déjeuner nous déjeunons ensemble. Lorsque c'est possible nous jouons dans les mêmes équipes de sport. Bao et moi nous sommes inséparables.

Nous passons tous les week-ends ensemble. Une fois nous allons chez lui. Une autre fois nous nous retrouvons chez moi. Nous allons dans les bois. Nous jouons à la guerre. Nous sommes des enfants ! Nous participons à toutes sortes de jeux. Par exemple nous nous livrons à des batailles de pommes de pin. Le fait de nous retrouver tous les deux ne nous dérange pas. Nous nous suffisons à nous-mêmes.

Les batailles de pommes de pin c'est super drôle jusqu'au jour où nous apprenons qu'un de nos camarades a perdu un œil.

Cela stoppe net notre élan.

Dans l'unique cours d'eau qui traverse les bois nous attrapons des têtards et des grenouilles. Nous aiguisons des branches pour en faire des couteaux. Nous faisons tout ce que font les garçons de notre âge.

Nous parlons des filles et de sexe. Ça nous excite.

C'est parce-que c'est Bao qui me parle de sexe que ça m'excite. C'est pas à cause des filles dont nous parlons. Ce sont des fantasmes innocents. Je ne sais pas pour Bao mais moi déjà à cette époque je ne pense qu'aux garçons. Nos conversations comportent toujours une fille. On se donne un alibi.

En conversant avec Bao je perds le fil de mes pensées. Et je ne sais plus de quoi nous parlons.

Je ne peux m'empêcher de contempler Bao. Je reste émerveillé par sa beauté. Alors je perds le fil.

Je suis surpris que Bao n’ait pas fait le rapprochement.

À cette période ni Bao ni moi ne possédons une expérience sexuelle. Notre inspiration provient d'histoires entendues dans les vestiaires du collège. Ou alors de reportages dénichés dans Penthouse. Nous en parlons tous les deux.

En Chine populaire les magazines gay sont inexistants. Ou alors ils sont hors de prix et il est risqué de vouloir s'en procurer. On risque le chantage ou la dénonciation.

De toutes façons ni Bao ni moi-même n'aurions osé en acquérir un.

Lorsque nous parlons de sexe avec nos camarades de collège, si nous ne mentionnons pas une fille, ou un garçon et une fille ensemble, nous prenons le risque d'être catalogués « gay » ou « pédé ».

Je crois que Bao et moi avons peur de parler de ce que nous ressentons.

Bao ?

Il possède un visage qui attire le regard. Ses cheveux sont d'un noir d'ébène. Sa peau possède un teint cuivré très prononcé. Lorsqu'il rejoint l'équipe de volley-ball il commence à prendre de la masse musculaire. Il possède un corps parfait. Il possède des abdominaux, des pectoraux et des biceps bien dessinés. Ses jambes et ses fesses sont superbes. Et ce sourire ! Par tous les ancêtres réunis le sourire de Bao est unique au monde.

Impossible de ne pas craquer. Il possède un regard d'une tendresse infinie. Son sourire est chaleureux. Il est empreint d'empathie. Sa voix est mélodieuse. Bao possède une grande taille tout en exhibant un corps corpulent. Cela lui confère un charme supplémentaire.

Il est la personne la plus gentille que je connaisse. Bao c'est un garçon qui a le coeur sur la main. En toutes circonstances. Son credo ? Il ne pense qu'à aider les gens. Qu'à les soutenir.

Avec ça il possède un sens de l'humour inégalable. Il rit tout le temps ! Jusqu'à ce jour je ne l'ai pas vu pleurer. Il est fort. Comme un roc. Et exigeant vis-à-vis de lui-même.