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Lan Yu
4 janvier 2023

Restaurant

Kang

- Il va bientôt arriver.

Je suis surexcité. J'éprouve de la hâte à voir Li arriver. De l'apercevoir poindre son nez à l'entrée du restaurant.

Il va arriver. Retard imprévu sur le chantier. Que de temps parcouru avec lui. Nous arrivons à huit mois maintenant. Et nous vivons le parfait amour.

Désormais je tire des plans sur la Comète. L'entreprise me prend toujours du temps. Depuis que Li est entré dans ma vie les choses changent. Elles ne reflètent plus la même valeur à mes yeux. Je ne leur accorde pas la même importance. J'imagine de grandes choses. De vastes projets. Faire travailler Li dans l'entreprise. Acheter une maison pour abriter notre amour. Préparer des voyages à l'étranger. De longs courriers. En Occident. Séjour à Prague. À Paris. À New-York car je sais que cette destination attire le petit. Un voyage de noces avec lui. Pourquoi pas ? D'abord les États-Unis.

Il me semble impossible d'imaginer l'avenir sans lui. Ça me paraît improbable et absurde.

Je vais le présenter à Ma. Ma mère. Puis à ma sœur. A tous les autres. Je dois le faire. Ça paraît nécessaire. Essentiel. Li doit faire partie de la famille. Accepté par elle. Il doit s'imposer aux yeux de tous. A mon frère Cai. A mon neveu. Ces deux-là ont le même âge. Ils vont s'entendre à merveille.

Le doute. Encore. C'est récurrent. Il me fait perdre mon assurance. La différence d'âge entre Li et moi m'angoisse de plus en plus.

Je possède l'argent. Des richesses. Il détient la jeunesse. À quoi ça rime tout ça ? L'un n'achète pas l'autre.

Ça me met mal à l'aise.

Je refuse d'y penser. La journée demeure trop belle pour ça. Je veux la passer toute entière avec Li. Chaque jour est unique. Il faut en profiter. Je suis fier de me trouver avec un garçon aussi beau.

Liang mon neveu va l'adorer. C'est sûr.

Je connais Lin ma mère. Même si je ne me marie pas elle n'a rien à craindre pour ses vieux jours. Elle ne m'en voudra pas si je n'ai pas d'enfants. Ni elle des petits enfants.

Je reste son fils préféré. Je serai toujours là pour elle. Elle le sait. Je suis Kang son fils bien-aimé.

Lin a toujours été attirée par les hommes forts. Fascinée par la force. Les hommes qui s'imposent.

Je suis celui qui a réussi. Lin ne sait pas ce que je fais. C'est peut-être mieux comme ça. Elle préfère ne pas poser trop de questions. Ça l'arrange.

Li l'homme de ma vie. Mon bien-aimé. Celui qui partage ma vie.

Une légère angoisse étreint mon cœur. Une appréhension.

Deux hommes qui vivent ensemble. C'est pas chose courante dans l'Empire du Milieu. Nous devons nous montrer discrets.

Les collègues te posent des questions si tu n'es pas marié. Moi Kang je reste invulnérable et invincible. Je peux tout me permettre. À condition de rester discret. Pour vivre heureux vivons cachés. Lorsque tu réussis dans l'Empire du Milieu tu en imposes aux autres. Tu forces l'admiration des voisins et l'admiration de la famille. Je suis gay. Je me bats pour mes droits. Au risque de tout perdre. Peut-on m'en vouloir de rechercher le bonheur ? Et de le trouver ?

Pour les autorités l'homosexualité est une dépravation qui provient de l'Occident. Ça ne peut pas atteindre l'Empire du Milieu. Tout ce qui gêne ou tout ce qui dérange arrive de l'Occident.

Ils ne comprennent rien à l'amour. À la liberté.

Moi Kang je meurs d'envie de montrer mon amour au grand jour. Je ne peux pas.

Depuis quelques mois Li et moi vivons soit chez l'un soit chez l'autre. Une fois sur deux je me rends chez lui pour dormir.

Et pour le baiser.

Je n'éprouve aucun problème avec ça. Ça fait partie de la vie. C'est organique et nécessaire. C'est naturel. Li possède un modeste deux-pièces à côté de la place Tiananmen.

Ça me rappelle mes premières années à Pékin. Quand j'ai monté la boîte. C'était le début. Cheng et Cai sont venus m'aider à transporter ce vieux canapé vert. Il traînait dehors en face dans la rue. Il est toujours là. Il fait bonne impression auprès des clients.

À cette époque Cheng et moi on sortait de l'université. On avait envie de réussir. Rien ne pouvait s'opposer à nous. Puis Cheng a compris qu'il n'irait pas aussi loin. Il n'en avait pas les capacités. Il n'aime pas prendre de risques. Il a fallu répartir les rôles. Moi pour diriger. Lui pour tenir les comptes.

Je souris souvent à cette idée. Je la trouve désuète. Mais c'est comme ça. Elle s'impose d'elle-même.

C'est le monde à l'envers. Aujourd'hui moi Kang riche homme d'affaires je rends visite à un modeste étudiant en architecture. La vie propose des situations inattendus. Li gagne une misère. À peine de quoi payer son loyer.

Moi Kang je veux vivre cette histoire à fond. Sans pudeur ni faux semblants. Sans rendre de comptes à personne. Tout reste à faire. Je n'ai jamais vécu une histoire pareille. C'est nouveau pour moi.

Il y a ceux qui gravitent autour de nous. Ils en pensent quoi eux ? C'est grâce à Cheng que je connais Li. Ni Cheng ni moi ne pensions que les évènements prendraient cette tournure.

 

Au restaurant

Li a du retard. Qu'est-ce-qu'il fout ? Il m'a dit qu'il serait à l'heure !

Le voilà enfin.

Je me lève pour qu'il m'aperçoive. Je lui fais signe de la main. Les premiers clients arrivent.

- Li ! Je suis là !

Pour fêter le premier anniversaire de notre rencontre j'invite Li dans le plus chic restaurant de Pékin. Il se trouve à deux pas de la Place Tiananmen. C'est le restaurant de maître De. Maître réputé qui allie le raffinement de la cuisine chinoise au savoir faire de la cuisine française. Maître De a été apprenti dans une grande brasserie parisienne avant de venir s'installer à Pékin. 

" La vie en rose ". C'est le nom du resto. Maître De a tenu à donner un nom français à son restaurant. Pour attirer les clients et pour remercier ceux qui l'ont aidé en France.

Aujourd'hui Li a vingt-six ans.

Je ne réfléchis pas. Je fais comme je le sens. Sans me préoccuper de l'avenir. Sans me poser de questions. Je suis comme ça. C'est ma nature. La générosité. Elle fait partie de mon caractère. Quand je m'attache à une personne je suis capable de donner ou d'offrir tout ce que je possède. Sans regarder. Je déploie les grands moyens. Pas pour impressionner. Mais parce que je me sens mieux comme ça. Pour moi une occasion ou une opportunité représente quelque chose d'unique.

Il m'arrive aussi parfois de fonctionner sur un coup de tête.

Sortir de ce qui est préparé à l'avance. Je ne le supporte pas. Il faut toujours que je sois en mouvement perpétuel. Embringué dans une spirale. Quoi qu'il arrive.

Et puis cette invitation au resto j'en ai les moyens.

...

Ce matin en me réveillant je dis à Li :

- Va voir dans le placard de l'entrée. Il y a quelque chose pour toi. En bas.

Li prend un air étonné.

- C'est quoi ?

- Tu poses trop de questions ! Tu as vu hier. J'ai fait plein de courses. Tu étais là. Va voir !

- Oui mais ...

- Pendant que tu regardais les enfants sur le manège j'en ai profité pour m'éclipser. Tu ne t'en es pas rendu compte. Je t'ai pris deux ou trois trucs. J'espère que ça va te plaire. Tu vas essayer tout ça ! C'est dans un grand sac en papier kraft.

Li se lève. Il n'en peut plus de curiosité. Il fonce vers le placard. Il le met sens dessus dessous.

Il extrait le grand sac en papier. Il reste accroupi devant. Il n'ose pas le toucher. Plonger les mains dedans. Il semble émerveillé. C'est pas tous les jours qu'on le gâte et que l'on pense à lui.

Des fringues. Il en avait besoin. Il y en a de toutes les couleurs. Des couleurs tendres comme il aime. Elles lui vont bien. Il les affectionne. Du beau. Du bon goût. Il n'a jamais vu ça. J'ai bien choisi. Il semble heureux.

- C'est pour tes vingt-six ans ...

Li revient pour m'embrasser.

- Il ne fallait pas Kang. On ne se connaît pas assez. C'est encore trop tôt. Notre relation est récente. Tu vas trop vite. Tu es trop gentil avec moi.

Ce qu'il me dit me blesse. Mais je le garde pour moi.

- J'ai pas oublié que c'était aujourd'hui.

 

Au restaurant

Kang m'a gâté. Je vais enfin pouvoir m'habiller comme j'aime. Kang pourra être fier de moi. Je vais troquer mes fringues d'étudiant pour ce qu'il m'a offert.

Je cours au restaurant. J'ai peur d'être en retard. Il pleut une pluie torrentielle. La saison des pluies commence. J'entre. J'aperçois Kang assis à la table du fond. Il a dû la réserver comme à son habitude. La mieux placée. Les tables sont basses et se trouvent entourées d'une flopée de coussins pour s'asseoir. Les clients dînent assis en tailleur. Je me faufile à travers les tables pour rejoindre Kang. Une fois arrivé je ne trouve rien de mieux à faire que de m'asseoir à côté de lui. Et à blottir ma tête contre son épaule.

Kang semble gêné.

Kang mon protecteur. Depuis les évènements je me sens toujours fragile et vulnérable. S'il n'y avait pas Kang aujourd'hui j'ignore ce que je ferais de ma vie. Mes parents demeurent éloignés. Et je n'arrive pas à me détacher de Kang. Je m'accroche à lui. Réflexe. Amour. Désir. Soumission. Domination. Je me sens traversé par tout plein de sensations.

Je ne les comprends pas. Je n'ai pas le temps de me poser des questions.

Avec Kang j'aime cette sensation de soumission et de domination volontaire et partagée.

C'est peut-être ça l'amour. Aussi.

Kang est surpris. Il ne s'attend pas à ce que je vienne me lover contre lui.

- Ne te colle pas à moi ! Mets-toi en face que je te vois ! Tu seras plus à l'aise. Et moi-aussi. Et puis j'ai envie de te regarder.

Je me lève et je m'installe en face de Kang. J'aime lorsqu'il me parle avec fermeté. Comme à un enfant.

C'est mon jardin secret.

La serveuse nous apporte des chips. Et un verre d'alcool.

...

Ce matin après la remise de mon cadeau Kang vient me trouver. Il n'éprouve qu'une envie. Celle de me baiser. Me faire l'amour. Sans préliminaires. La surprise m'arrache un sourire de bonheur.

Il sait que moi-aussi j'en ai envie.

Je retourne à mes cadeaux. Jamais Pa et Ma n'auraient pu m'offrir tout ça. Kang lui le peut.

Kang se dirige vers moi. Il ressent le besoin de me serrer fort dans ses bras. Il manque m'étouffer. Je le regarde. J'éprouve de la fierté. Je vêts un superbe sweet couleur or. Assorti d'un jean vert bouteille. L'ensemble met mon corps en valeur. Je deviens désirable aux yeux de Kang. Le reste m'indiffère. C'est cela qui compte. Impression fugace. Je suis habillé classe. Je ne porte pas de sous vêtement. Kang m'observe. Il ressent du désir. De l'excitation. Il imagine mon corps nu sous les vêtements qu'il vient de m'offrir. Je sens l'excitation monter en lui.

Son sexe durcit. Je vois la forme sous son pantalon. J'oublie toute pudeur. Je me déshabille avec volupté. Je veux offrir un strip-tease à Kang. Le plus sensuel qu'il ait jamais vu. Sans musique. Dans un silence absolu. Entre deux hommes. Un à un j'enlève chaque vêtement. Je fais durer le plaisir. Kang éprouve des difficultés à maîtriser son désir. Il dégage son sexe pour ne pas avoir mal. Tout en me regardant me déshabiller il se caresse. Je me retrouve nu devant lui. Effronté je me dirige vers lui. Sans l'ombre d'une hésitation. Je lui présente mes fesses. L'émotion surgit. Elle m'envahit des pieds à la tête. Avec délicatesse je m'empare de sa verge. Avec mes lèvres sur celle-ci je pratique un long va et vient. Avec tendresse je me mets à la sucer.

Je fais glisser son short sur ses cuisses.

Un temps d'arrêt. J'en profite pour admirer ses cuisses énormes liserées par un poil noir et dru. Sa virilité me fascine. Son sexe se trouve dans une érection qui ne semble pas vouloir s'arrêter. Son membre viril m'émeut. Il m'apparaît énorme. Court et solide comme un rock.

Il attend. Je sais quoi. Je fais durer le plaisir. Je lèche son membre. Il va exploser. Sa semence va  jaillir d'un moment à l'autre.

Je prends tout mon temps. Volupté. Désir. Douleur. Kang s'empare de mes bras. Les croise avec force derrière mon dos. Je me retrouve son prisonnier. Ça participe à mon désir.

Kang ne va pas tarder à me pénétrer.

- Li. C'est très beau ...

Je me sens libre. Bien dans ma  peau. Dans mon corps. Libre de tous mouvements.

Mon corps se transforme en objet de plaisir pour Kang.

Je deviens le maître du jeu. Je mène les opérations. Je me sens à la fois effronté et voyou.

Je veux que Kang jouisse à fond. Sans se poser de questions. Je suis sa victime. Sa Geisha. Je suis un garçon. C'est mon anniversaire. Ce sera aussi celui de Kang. Celui de notre union.

Je veux que Kang me désire toujours mais c'est impossible.

Je me tourne vers la table de nuit. J'enduis mes doigts de gel et j'oins mon anus. Pour laisser toute liberté à Kang. Dans le même temps Kang écarte mes cuisses avec douceur. Il commence de se masturber en me regardant. Je prends mon temps pour m'installer sur lui. Je me positionne pour qu'il puisse profiter du spectacle de mes cuisses ouvertes. Sans préjugés ni pudeur.

Je veux que Kang me prenne sans attendre.

D'un coup j'enfourche son membre jusqu'à la garde. Il enchaîne son va et vient de plus en plus rapide. Il ne va pas tarder à exploser. Il immobilise son mouvement. Il cherche à se retenir. Je pivote sur lui. Je veux voir jusqu'où le plaisir peut le submerger.

Il se retire de moi. Question d'honneur et de respect.

- Vas-y Kang. Jouis sur moi.

D'un jet à la fois long et intense il jouit. Plusieurs spasmes qui ne semblent pas devoir s'arrêter. Il ne peut s'empêcher de gémir de plaisir. Tous ses sens se trouvent en alerte. Je sens sa semence couler sur mon ventre.

Je me sens bien. Ça arrive comme ça. Inattendu. Avec des gestes mesurés Kang  essuie mon ventre avant de s'occuper de lui. 

Je me sens apaisé.

- Je t'aime Kang. Ce n'est plus une affaire de sexe. Il y a autre chose. Kang ne dit rien.

Je me relève. J'éprouve des difficultés à rester debout. Mes jambes flagellent.

- Ça t'a plu ?

- Si ça m'a plu ? C'était grandiose ...

 

Au restaurant.

- Attends ... Attends. Pas si vite. Tu vas t'étouffer !

- Kang ! Dis-je en riant.

Après ce que tu m'as fait tout à l'heure si je ne mange pas je vais m'écrouler ! Tu m'as assez tourmenté ...

- J'ai bien vu que ça te plaisait aussi.

Je regarde Kang. Il m'observe. Ses yeux me percent à jour. Ils creusent leurs sillons dans les miens. Le bonheur rayonne dans nos têtes.

Les habitués du restaurant se retournent. Ils nous observent avec attention. À cet instant tout le monde semble heureux. Ils partagent notre bonheur et deviennent nos complices.

Les meilleurs moments sont les plus furtifs. Le moment que l'on vit au présent peut durer une éternité.

Nous sommes Chinois.

Nous sommes deux hommes.

Nous nous aimons.

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