Stanislas

Moi, Stanislas, je ne sais pas quoi penser. Je ne sais plus quoi dire. Depuis toujours, je vis l'instant présent. Avec intensité. Comme si c'était le dernier jour. Comme un punk des années 70 égaré dans les années 2010. Je me dis que vivre le moment présent, c'est le meilleur moyen de ne pas penser au passé. De ne rien regretter. C'est le meilleur garant de la liberté de penser. Pour construire l'avenir. Il ne faut pas passer la vie à se lamenter sur ce qui a été fait. Jamais. Je possède une chance inouïe. J'ai un boy-friend que j'aime. Et qui me le rend bien. Jamais j'aurais pensé qu'un jour, cela aurait été possible. Même dans mes rêves les plus fous. Rencontrer un garçon.

Comme quoi, je me dis que quel que soit le sexe, on peut rencontrer celui ou celle que l'on aime. Que l'on doit apprendre à aimer, sans différenciation de la sexualité. Je me dis que, qu'on le veuille ou pas, à un moment donné de sa vie, tôt ou tard, on a rendez-vous avec son destin. Et avec cette rencontre. Ce sont des choses innées. Qui nous dépassent.

Le destin quel qu’il soit. Où qu'il nous mène. On doit être un peu programmé pour ça avant la naissance ... Je pense que le destin de chacun est scellé à la naissance.

Je pense aussi que nous possédons plusieurs vies. Même si la majorité d'entre nous croit dur comme fer qu'on en a qu'une et qu'on sait d'avance où elle va nous mener. J'ai rencontré une autre partie de ma vie il y a quelques années. Peut-être aussi faut-il avoir le courage d'aller à la rencontre de son destin. Dans les faits, ça ressemble à quelque chose d'indéfinissable où tout peut basculer en une seconde. Et puis, c'est quoi l'existence ?? Ce sont des montagnes d'acharnement, de lutte, de souffrance, qui aboutissent à une minute ou à quelques jours d'un bonheur absolu, tel qu'on n'en a jamais connu jusqu'à présent. Ces quelques minutes ou ces quelques jours marqueront de façon indélébile le reste de notre existence.

Prenez "Le secret de Brokeback Mountain" : Deux vies se rencontrent dont il n'émergera que quelques jours de bonheur intense passés à la montagne. Les deux héros en seront marqués à vie. Ce sera leur destin.

Dans le destin de chacun d'entre nous, il y a une part incompressible contre laquelle on ne peut rien faire (naissance, lieu, pays, famille, environnement) mais aussi une part de libre arbitre. Le libre arbitre, c'est la part subjective à prendre notre propre vie en mains. Mais ça aussi, ça fait partie du destin. Je me dis que chacun d'entre nous possède le libre choix d'exercer son existence. C'est à ce moment précis qu'apparaît la notion de responsabilité. Elle génère notre existence jusqu'au bout. Je suis responsable de l'existence que j'ai choisie.

Et donc de celle des autres. Cela dit, si je prends mon destin en mains, moi, Stanislas, je peux me planter !! Ou plutôt, je peux en avoir la sensation. Mais en réalité, ça aussi, c'est inscrit dans le cycle de mon existence. Le droit à l'erreur.

Il faut avoir du courage pour aimer un garçon. Et le vivre au grand jour. Peut-être que c'est plus facile aujourd'hui qu'il y a quelques années. Je n'en suis pas si sûr.

Moi Stanislas, j'ai mis du temps à comprendre que j'étais gay. J'étais pas pressé !! Je savais pas ce que c'était. C'était pas urgent. Mais ça devait venir un jour.