Pourquoi dit-il cela ?

En sept années la présence militaire des Américains est passée de quelques centaines de conseillers à 500 000 hommes !

En cette période de nouvel an lunaire les Nord-Vietnamiens encerclent la base américaine.

Ils déclenchent la guérilla urbaine dans tout le pays.

Les bombardements n'ont pas vaincu les Nord-Vietnamiens.

À Saïgon les journalistes américains abreuvent les États-Unis d'images qui représentent ses soldats en action.

Les américains versent plus de bombes sur le Nord-Vietnam que les Alliés pendant la guerre sur l'Allemagne nazie.

Quel intérêt ?

Pour la fête du Têt la trêve est déclarée. Les soldats américains partent en goguette dans les bordels de Saïgon. Pendant ce temps-là les généraux jouent au golf.

La nuit les Nord-Vietnamiens attaquent par surprise une centaine de villes du Sud-Vietnam. Saïgon fait partie du lot.

La cible c'est l'ambassade américaine.

Un bout de territoire américain.

Une vingtaine de jours sont nécessaires pour reprendre chaque bâtiment. Le combat est acharné.

Le commando Nord-Vietnamien lutte jusqu'au bout. Les soldats américains tombent les uns après les autres sous la pluie. La boue et le sang.

L'Amérique suit les combats en direct à la télévision. Elle est épouvantée.

L'offensive du Têt fait basculer l'opinion publique américaine et mondiale.

Et la guerre change de tournure.

Aujourd'hui on parle de négociation et de retrait.

Devant la photo d'un soldat ensanglanté projeté à l'arrière d'un tank un général l'air hautain lance : " C'est honteux ! "

Qu'est-ce qui est honteux ?

En lisant l'interview d'un soldat aux allures d'étudiant qui tire à l'aveuglette par-dessus un mur en gémissant : "J'espère survivre et reprendre mes études ..." le même général réitère son forfait : "C'est honteux !"

Qu'est-ce qui est honteux ?

Le chef de la police sud-vietnamienne tire froidement une balle dans la tempe d'un prisonnier Nord-Vietnamien.

Pourquoi fait-il cela ?

Pourquoi cette désinvolture en abattant un homme ?

La guerre est absurde.

Il faut montrer le sang. Le désespoir des civils. La haine au coeur des villes.

Les Nord-Vietnamiens savaient qu’ils ne pourraient pas s'emparer des villes du Sud.

Pourquoi vouloir les tuer ?

La paix et la guerre ça ressemble au jour et à la nuit.

La paix c'est chez nous avec les feux rouges qui passent au vert. Avec des histoires d'amoureux qui se tiennent par la main. Avec les tracas de la vie quotidienne.

La guerre c'est là-bas. Avec les carrefours exposés. Des amoureux crucifiés. La survie dans les décombres.

La guerre c'est un combattant qui sait qu'il peut tuer mais aussi mourir. Dans le monde de la nuit tous les coups sont permis.

La guerre avec zéro morts c'est une utopie.

Pire. C'est un mensonge politique.

Il n'existe pas de guerre sans dégâts psychologiques. Sans souffrance. Sans douleur de la part des familles.

...

Viêtnam 1968.